vendredi 4 juin 2010

Affaire Colonna : manigances et "preuves" fabriquées

Dans à peine plus de trois semaines, La Cour de Cassation se prononcera sur le pourvoi déposé par Yvan Colonna après sa condamnation par la Cour d'Appel « spécialement constituée » à la peine la plus lourde prévue par le code pénal : prison à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté.
Les raisons de casser cet arrêt sont multiples. Il ne faut toutefois pas s'imaginer que les choses sont acquises : les pressions sur la Cour sont forcément à la mesure des enjeux. Sa décision dira ce qu'il en est de son degré d'indépendance.
Le procès des cinq personnes accusées d'avoir aidé Yvan Colonna pendant sa cavale vient d'avoir lieu. Le verdict, mis en délibéré, sera connu en juillet.  Au cours du procès, des faits sont apparus qui montrent, s'il en était besoin, les machinations de la police antiterroriste. On en trouvera ci-dessous un exemple incroyable. Le plus incroyable étant peut-être le silence ou l'indifférence de la presse devant des faits aussi scandaleux. Quand on discute avec des gens convaincus de la culpabilité d'Yvan, ils ne cessent de demander : s'il est innocent, pourquoi est-il parti en cavale ? Ou bien : pourquoi ses copains l'ont-ils dénoncé ? Nous pouvons demander de notre côté : si  la culpabilité d'Yvan était si évidente, pourquoi la police a-t-elle éprouvé le besoin de fabriquer avec cynisme des fausses preuves ? L'appareil judiciaire antiterroriste ne peut pas ignorer ces machinations. Et pourtant, deux Cours d'Assises « spécialement constituées » l'ont condamné. C'est en ce sens que cette affaire est une affaire d'Etat. Comme l'affaire Dreyfus dont les juges savaient parfaitement qu'ils condamnaient un innocent.
Le Livre Blanc promis pour l'automne 2009 n'a jamais été publié sans doute par manque de temps. Puisque je connais particulièrement bien cette affaire, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de faire le point le plus clairement possible des faits et arguments qui montrent indubitablement l'innocence d'Yvan Colonna. 
J'aborde dans mon blog, sous forme de feuilleton, entre le 15 et le 26 mai les points suivants :

Préambule
I – Les accusations (15 mai)
II – Les témoignages (16 mai)
III – Les acteurs de l'affaire Colonna
        A – L'enquête (17 mai)
        B – L'instruction (18 mai)
        C – Les procès ( 19 mai)
IV – Les pistes « oubliées » (20 mai)
V – La personnalité d'Yvan colonna (24 mai)
VI – D'autres questions
Conclusion (26 mai)

Si on le souhaite, je puis envoyer ce texte (23 pages en A 4) par courriel.
Je rappelle aussi que Stéphane Darnaud a réalisé un CD de la conférence-débat que j'ai animée à La Ciotat en décembre dernier (stephdarnaud@free.fr  ou studiostephcreas@free.fr ).



Histoire d'une preuve fabriquée
Le procès des personnes accusées d'avoir aidé et hébergé Yvan Colonna pendant sa cavale vient de s'achever. 
Des cinq accusés, quatre ont admis avoir aidé le fugitif entre 1999 et 2003. Seul, Marc Simeoni (le fils d'Edmond et le frère de Gilles, l'un des avocats d'Yvan Colonna et leader du mouvement autonomiste) nie les faits qui lui sont imputés. 
Il est notamment accusé d'avoir hébergé le fugitif dans son appartement de Bastia en 2002 et 2003. Pour appuyer leur accusation, les policiers antiterroristes font état de deux traces appartenant à Yvan Colonna et retrouvées dans cet appartement. L'affaire paraît entendue et on ne comprend pas les dénégations de Marc Simeoni.

Mais qu'en est-il en réalité ? 

1 - Les deux empreintes en question ont été retrouvées, l'une sur une boîte de pansements, l'autre sur un coussin. 
2 - Les enquêteurs n'ont pas placé les scellés réglementaires sur l'appartement  entre le moment où Marc Simeoni a été interpellé et celui où ont commencé les perquisitions.
3 - Sur l'un des deux objets (le coussin), outre l'A.D.N. d'Yvan Colonna, a été retrouvé celui d'Alain Ferrandi ( le chef du commando Erignac). Rappelons que Marc Simeoni a loué son appartement en octobre 2000 et qu'Alain Ferrandi a été arrêté en mai 1999. Comment est-ce possible ? Notons, en revanche, l'absence tout aussi étonnante d'empreintes de Marc Simeoni, sur cet objet  retrouvé dans cet appartement qu'il habitait depuis trois ans quand la perquisition a eu lieu.
4 - L'enquête a été menée par le commandant Lebbos que nous avons déjà rencontré comme l'un des acteurs principaux de l'affaire Colonna (voir II - Les acteurs du drame) et dont on a pu voir que les scrupules n'étaient pas son point fort (dossiers truqués, coups et blessures, détournements de procédure à des fins privées, etc.).
Marc Simeoni a affirmé au procès que le commandant Lebbos lui aurait dit : " je suis spécialiste de la pêche au gros. J'ai pêché Colonna. Ton père, c'est un gros poisson pour moi ».
Cette "preuve" manifestement fabriquée en dit long sur la sincérité des deux procès au terme desquels Yvan Colonna a été condamné à la peine la plus lourde prévue par le code pénal.
Instructif, non ? Cette construction policière en dit long sur l'honnêteté et la loyauté de l'enquête. Elle éclaire rétrospectivement d'un jour crû toute l'affaire Colonna.

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