mercredi 30 juin 2010

Affaire Colonna : enfin !

Enfin, un espoir après dix années de cauchemar.
Un espoir pour l'accusé qui paye dans sa chair pour un crime qu'il n'a pas commis ( cf.le dossier publié ici même sur une dizaine de jours : "L'innocence d'Yvan Colonna : faits et arguments"), Yvan Colonna qui, malgré un dossier d'accusation singulièrement vide, a été condamné à la peine la plus lourde prévue par le code pénal français, Yvan Colonna qui a été ignominieusement injurié par ceux dont le péché mignon est de hurler avec les loups.
Un espoir pour toute une famille qui, depuis dix ans est plongée dans le malheur (Je rappelle ici que le drame de la famille Erignac ne peut en rien être effacé par le malheur d'un innocent, bien au contraire !) et survit au rythme épuisant des combats pour la vérité, des espoirs et des déceptions.
Un espoir pour toute une communauté qui s'est sentie stigmatisée parce que le principal reproche proféré par les imbéciles à l'égard de l'un des siens était précisément qu'il était l'un de ses fils : corse, donc coupable !

Je sais bien : ce n'est qu'un premier pas. Il en faudra bien d'autres. Yvan sera rejugé par une Cour d'Appel qui sera tout aussi "spécialement constituée" que la première et tout aussi dépendante du pouvoir politique que l'autre. Mais à chaque jour suffit sa peine. Pour l'heure, ne boudons pas notre bonheur ! Et la décision qui vient d'être prise aidera un certain nombre de crédules, d'indécis ou d'indifférents à ouvrir les yeux. Je veux redire ici à ces républicains sincères qui craignent que le scandale ne vienne affaiblir nos institutions et donc la démocratie et qui préfèrent le silence, que le scandale est dans les faits, il n'est pas dans les mots. Le scandale est toujours dans le boisseau qui veut étouffer la vérité et camoufler les crimes.

Je sais bien aussi : on nous dira que la Cour de Cassation ne se prononce que sur des questions de forme et de procédure. Mais justement ! Nous sommes dans une affaire où les questions de fond ont été sans cesse ignorées au profit de comportements procéduriers. C'est ainsi qu'on nous a refusé les reconstitutions indispensables, les confrontations demandées, le versement de dossiers prétendument disparus... En cassant l'arrêt pour un vice de forme, la Cour d'Appel condamne symboliquement ( je dirais presque par métonymie) la totalité de l'enquête et de la procédure. Car la façon de traiter l'un des témoins à décharge qu'elle épingle et sanctionne si lourdement est profondément symptomatique de la façon dont les deux procès ont été menés : tous les témoins à décharge ont été systématiquement et scandaleusement discrédités (cf. par exemple Paul Donzella). Ici, l'expert a été traîné dans la boue avant même d'avoir pu rendre compte de son expertise.

Un dernier mot. La Cour d'Appel aurait pu faire un sort plus positif aux autres raisons de cassation qui lui avaient été soumises. Elle ne l'a pas fait. C'aurait été un cyclone. Elle a préféré un orage de moindre importance. Mais l'essentiel reste qu'elle ait cassé. Elle a témoigné ainsi de ce fait que la plus haute instance judiciaire de ce pays pouvait prendre, contrairement au système antiterroriste, ses distances par rapport au pouvoir politique. Le fonctionnement de nos institutions n'est donc pas complètement vicié. Je suppose que les scandales qui éclatent chaque jour comme si notre République était devenue un champ de mines, ont aidé à ce sursaut. Pour l'honneur de la Justice, pour celui de l'Etat, que justice soit enfin rendue !

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