mercredi 30 juin 2010

Affaire Colonna : enfin !

Enfin, un espoir après dix années de cauchemar.
Un espoir pour l'accusé qui paye dans sa chair pour un crime qu'il n'a pas commis ( cf.le dossier publié ici même sur une dizaine de jours : "L'innocence d'Yvan Colonna : faits et arguments"), Yvan Colonna qui, malgré un dossier d'accusation singulièrement vide, a été condamné à la peine la plus lourde prévue par le code pénal français, Yvan Colonna qui a été ignominieusement injurié par ceux dont le péché mignon est de hurler avec les loups.
Un espoir pour toute une famille qui, depuis dix ans est plongée dans le malheur (Je rappelle ici que le drame de la famille Erignac ne peut en rien être effacé par le malheur d'un innocent, bien au contraire !) et survit au rythme épuisant des combats pour la vérité, des espoirs et des déceptions.
Un espoir pour toute une communauté qui s'est sentie stigmatisée parce que le principal reproche proféré par les imbéciles à l'égard de l'un des siens était précisément qu'il était l'un de ses fils : corse, donc coupable !

Je sais bien : ce n'est qu'un premier pas. Il en faudra bien d'autres. Yvan sera rejugé par une Cour d'Appel qui sera tout aussi "spécialement constituée" que la première et tout aussi dépendante du pouvoir politique que l'autre. Mais à chaque jour suffit sa peine. Pour l'heure, ne boudons pas notre bonheur ! Et la décision qui vient d'être prise aidera un certain nombre de crédules, d'indécis ou d'indifférents à ouvrir les yeux. Je veux redire ici à ces républicains sincères qui craignent que le scandale ne vienne affaiblir nos institutions et donc la démocratie et qui préfèrent le silence, que le scandale est dans les faits, il n'est pas dans les mots. Le scandale est toujours dans le boisseau qui veut étouffer la vérité et camoufler les crimes.

Je sais bien aussi : on nous dira que la Cour de Cassation ne se prononce que sur des questions de forme et de procédure. Mais justement ! Nous sommes dans une affaire où les questions de fond ont été sans cesse ignorées au profit de comportements procéduriers. C'est ainsi qu'on nous a refusé les reconstitutions indispensables, les confrontations demandées, le versement de dossiers prétendument disparus... En cassant l'arrêt pour un vice de forme, la Cour d'Appel condamne symboliquement ( je dirais presque par métonymie) la totalité de l'enquête et de la procédure. Car la façon de traiter l'un des témoins à décharge qu'elle épingle et sanctionne si lourdement est profondément symptomatique de la façon dont les deux procès ont été menés : tous les témoins à décharge ont été systématiquement et scandaleusement discrédités (cf. par exemple Paul Donzella). Ici, l'expert a été traîné dans la boue avant même d'avoir pu rendre compte de son expertise.

Un dernier mot. La Cour d'Appel aurait pu faire un sort plus positif aux autres raisons de cassation qui lui avaient été soumises. Elle ne l'a pas fait. C'aurait été un cyclone. Elle a préféré un orage de moindre importance. Mais l'essentiel reste qu'elle ait cassé. Elle a témoigné ainsi de ce fait que la plus haute instance judiciaire de ce pays pouvait prendre, contrairement au système antiterroriste, ses distances par rapport au pouvoir politique. Le fonctionnement de nos institutions n'est donc pas complètement vicié. Je suppose que les scandales qui éclatent chaque jour comme si notre République était devenue un champ de mines, ont aidé à ce sursaut. Pour l'honneur de la Justice, pour celui de l'Etat, que justice soit enfin rendue !

mercredi 23 juin 2010

ECHOS DE LECTURE DU "ROMAN DE Ghjuvanni STEPHAGESE"

ECHOS DE LECTURE DU « ROMAN DE Ghjuvanni STEPHAGESE »




Texte de Présentation du dossier de presse


Lorsque l'on parle de « l'affaire Colonna » on met, de fait, les pieds dans des terrains mouvants... Les regards scrutent, l'attention se déploie et, très vite, on se rend compte que la moindre affirmation détermine « le camp » auquel on appartient... La plupart se taisent, nombreux restent prudents et les quelques courageux, quel que soit le point de vue qu'ils défendent, ont l'intime conviction de prendre des risques en parlant. ..
Pourtant, en marge des débats impulsifs, des jugements sur les Corses, sur la violence, sur la sanction, sur la Justice, c'est bien de l'histoire d'un homme qu'il s'agit. Au coeur des axes majeurs de réflexions, le roman de Roland Laurette propose une nouvelle démarche : celle de l'écriture d'un roman qui, s'appuyant sur des faits précis, confirmés, apporte un nouveau regard, une nouvelle piste de réflexion et redonne sa place à un homme au coeur d'une Histoire.
L'auteur affirme l'innocence... Le croira-t-on ? Il révèle l'humain sous la caricature... L''entendra-t-on ? Il veut casser les certitudes... Y parviendra-t-il ?
Dérapages, accusations, violences, amalgames périlleux... Le débat s'ouvre une nouvelle fois, articulé par une narration qui offre une distance, une respiration essentielle à cette histoire étouffante à la fois terrible et palpitante, qui revêt tous les codes de la tragédie antique. Cette histoire, dont on pensait connaître toutes les facettes, construite à partir d'une enquête minutieuse, sur des faits précis et concordants, vient de sortir chez l'Harmattan.



Courriers de lecteurs

N.B. Quand il s'agit de réactions individuelles non publiques je n'indique que les initiales des noms pour préserver l'anonymat des auteurs.

Lettre de C.P.G.

J'ai aimé, beaucoup. Pour plusieurs raisons:
1/ J'aime (l'auteur), son personnage et son style (...)

2/ la description de la terre corse et de certains de ses habitants rugueux, droits et loyaux fait écho à celle de ma région natale, les Gorges du Tarn: beaucoup de points communs...là aussi je retrouve mon père (son amour de sa terre natale et son intransigeance:"finis ton assiette"). En cela je remercie (l'auteur), qui joue ici pleinement son rôle d'écrivain: en effet, un écrivain n'est-il pas quelqu'un qui parvient à mettre des mots sur nos émotions profondes, réussissant par là-même à atteindre une sorte d'universalité?...

3/ j'ai aussi aimé ce roman pour sa dimension identitaire, et l'esprit de résistance qu'il insuffle: il montre un combat inégal entre le pouvoir d'Etat et un innocent accusé à tort(c'est la thèse du roman), à cause de ses anciennes sympathies nationalistes, sorte de Robin des bois moderne (dont la cause est plus politique que sociale). Cette dimension du roman trouve un énorme écho en moi, car d'une part elle est proche de mes problématiques de thèse (...)
D'autre part, et tout cela est lié, cette approche du roman "colle" à mes questionnements plus large sur les identités:
-ma propre identité (avant tout française républicaine, mais aussi attachée  à mes racines occitanes: ancien pays/culture dominé par la France du Nord; cet attachement est un héritage de mon père: mon 3e prénom est "Esclarmonde", nom que portait la fameuse princesse de Foix, figure du catharisme... Ainsi,  toute la complexité du personnage principal, la dialectique de l'attachement à la terre natale, trouve un écho profond en moi, même si j'ai pris un chemin et une direction différents).
- l'identité (les identités) de notre fille Annick(elle est née dans un pays, Madagascar, colonisé par les Français; adoptée par nous deux, Français, elle est  donc à la fois française, marseillaise, aveyronnaise-occitane, avec une partie malgache...)... réflexion en cours.

4/ la dernière raison pour laquelle j'ai aimé ce roman est sa dimension politique (au sens large). Certes, on sent bien que l'écrivain/narrateur est un homme de gauche(cette sensibilité pourrait agacer des lecteurs de droite). Cette tragédie (...) donne envie sinon d'agir, du moins de commencer à en savoir plus sur l'affaire Yvan Colonna. Question: quelle a été la nature de (l') enquête? Peut-on, avec un roman, approcher la vérité, dénoncer un crime d'Etat ou une erreur judiciaire? l'enjeu est important, la réponse difficile. (Le) roman a provoqué en moi un sentiment de révolte, mais la "scientifique" qui veille en moi éprouve le besoin d'aller vérifier les informations...

Voilà en bref ce que je pourrais dire aujourd'hui. Merci. Outre le plaisir de lire un bon livre, j'ai apprécié l'habileté à
démonter les imbrications complexes de la machine polico-judiciaire française, la capacité à faire prendre conscience que ce qui est arrivé à cet homme pourrait arriver à un autre. Ce livre met le doigt sur le danger que connaît la France aujourd'hui en matière des perte de droits démocratiques: l'Habeas Corpus passé aux oubliettes, ce n'est pas rien.


Paru sur Amazone :
Remarquable démonstration de l'innocence d'Yvan Colonna. Ce « roman » retrace l'historique de l'affaire de l'assassinat du préfet Erignac et met en évidence l'accumulation de fautes de procédure et d'une enquête faite entièrement à charge. En trame de ce livre, l'affaire Dreyfus revient dans nos esprits et la Justice s'honorerait de réviser sa position. A lire absolument.


Valdeleure (blog littéraire)
02 avril 2010
Le Roman de Ghjuvianni Stephagese de Roland Laurette
Ghjuvianni Stephagese est un berger qui vit en Saveria. Ancien militant du groupe nationaliste, il s'est assagi depuis la naissance de son fils. Fils d'un ex-membre influent des cabinets ministériels socialistes qui a choisi de quitter son île natale pour le continent, il a fait le voyage inverse et est revenu vivre sur son île, arrêtant ses études pour devenir berger. Mais quand le Gouverneur est assassiné, c'est lui qui va se retrouver au coeur de la tourmente. Toute ressemblance avec l'affaire Colonna n'est bien sûr pas fortuite. Roland Laurette, qui connaît la famille Colonna, s'est méticuleusement documenté pour écrire ce roman, courageusement publié par les éditions L'Harmattan. Le roman se divise en deux parties. Nous faisons d'abord la connaissance de ce berger atypique, qui aime le silence et la solitude (un peu comme moi en fait), ce qui n'en fait pas un ours mal léché pour autant et que j'ai, au contraire, trouvé très attachant. La seconde partie du roman nous décrit l'étau qui se resserre et nous livre les détails de l'enquête, pour finir bien sûr par la condamnation de Stephagèse.                                                                              J'ai ouvert ce roman en me disant que j'avais beau avoir mon point de vue sur cette affaire, je lirai ce livre comme une fiction. Et puis, après tout, pourquoi ne pas entendre une autre version des faits? Je suis vite tombée sous le charme de la plume de Roland Laurette et surtout de ce personnage qu'est Stephagese (car il reste pour moi, un héros littéraire). Le chapitre X, où il part à la recherche de ses chèvres, est mon chapitre préféré. Je l'ai lu avec émotion parce que je l'ai trouvé très beau. Quand je suis arrivée à la deuxième partie, je ne pouvais plus faire semblant d'avoir affaire à une fiction et si je reste très dubitative sur un aspect de la défense (le père se laissant influencer par la police pour qu'il change son témoignage), je n'ai pu qu'être convaincue par le fait que les deux témoins non seulement ne reconnaissent pas l'accusé, mais le disculpent. J'ai bêtement versé une larme à l'énoncé d'un verdict que je connaissais déjà et là, Colonna était redevenu Stephagese pour moi, ce magnifique héros pris au piège qui demande aux siens de ne pas pleurer devant "ces gens-là". J'ai refermé ce livre il y a plus de deux semaines mais il ne m'a pas quittée. Je ne pense pas être très influençable et pourtant... Je ne peux que remercier Roland Laurette pour m'avoir proposé de choisir l'un de ses livres et me l'avoir offert, accompagné d'une gentille dédicace. Il a travaillé avec acharnement et rage sans doute pour donner sa vérité, ce qui ne lui a pas valu que des compliments. J'ai un peu de mal à comprendre que les proches d'Yvan Colonna se soient retournés contre ce chant d'amour à un homme, à son île et à la justice (voir ici). Qu'il ait raison ou tort, on ne peut lui reprocher de se battre pour ce qu'il croit être juste.
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Tags : mes coups de coeur




Appréciation sur Amazon du 19 novembre 2009
 excellent ouvrage, 19 novembre 2009
Par Ecritoire2 - remarquable démonstration de l'innocence d'Yvan Colonna. Ce "roman" retrace l'historique de l'affaire de l'assassinat du Préfet Erignac et met en évidence l'accumulation des fautes de procédure et d'une enquête faite entièrement à charge. En trame de ce livre, l'affaire Dreyfus revient dans nos esprits et la justice s'honorerait de réviser sa position. A lire absolument.


De Biblio 47 (16-10-2009)

L'auteur s'inspire de l'affaire Colonna. Il est convaincu que Colonna est innocent. Il a choisi le roman pour le dire. Colonna est, selon lui, dans l'imbroglio d'une machination qui le dépasse. J'ai été bouleversé par les évidences et les preuves amenées dans ce livre. Il m'a réconcilié avec les Corses que l'on calomnie souvent. Ce qu'on prête aux Corses dans les médias ne sont souvent que les effets de la mafia.

De D.M.
Je suis déléguée de ... au sein du comité de soutien pour Yvan. Je vous remercie pour toutes ces précisions (celles du dossier : « L'innocence d'Yvan Colonna : faits et arguments ») et tiens à vous dire que votre livre est remarquable et que je l'ai lu avec beaucoup d'émotion...

De *** (chanteur très connu).
Nous avons dévoré « Le Roman... » et l'avons communiqué autour de nous. La vérité ressemble à un chemin, et votre dossier très étayé sera un jalon très important sur cet itinéraire.

De J.H. (comités de soutien)
Merci beaucoup.
J'admire votre travail acharné et votre liberté. Il reste trop peu de personnes capables, comme vous, d'oser le politiquement incorrect.


De P.S.
J'ai eu le plus vif plaisir à parcourir votre ouvrage et je tenais, avant tout, à saluer l'écrivain et le littérateur de talent qui a su composer, de ligne en ligne, un manuscrit original...

De C.F.
Un grand merci pour ce que vous faites.


De Valérie
Voilà, j'ai refermé la dernière page il y a déjà quatre jours et pourtant, je pense toujours à Stéphagèse et à votre roman. Sachez d'abord que je l'ai beaucoup aimé. Je suis, bien sûr, admirative devant le travail accompli concernant l'affaire Colonna. J'espère d'ailleurs qu'il vous remerciera même si je sais que ce n'est pas votre but. Merci de m'avoir proposé ce roman très fort.



Le Roman de Ghjuvanni Stéphagèse.
(Présentation faite en public par Mirella Gambara le 22 mai 2010)

La source de ce roman, c’est l’affaire Colonna et le désir de l’auteur de plaider l’innocence de  l’accusé.
A partir de là, la construction du roman est fondée sur les événements qui ont suivi l’assassinat du préfet Erignac et sur la tentative de l’auteur de montrer les erreurs intentionnelles, les négligences, les machinations qui ont fait d’Yvan Colonna un coupable officiel.
Nombreux sont les lecteurs qui se sont étonnés de la forme choisie par Roland Laurette : pourquoi pas un essai ou un reportage ? (Intervention de l’auteur et réponse).
Il s’agit donc d’un roman avec des lieux (la Corse, Paris, la prison) des faits, des personnages. Dans le roman La Faute de Personne la tragédie achève l’œuvre, ici la tragédie est déjà accomplie et doublement :
.. Le préfet Erignac a été assassiné
.. Yvan Colonna est incarcéré à perpétuité
Il s’agit surtout d’une écriture qui transcende l’évènement et ses conséquences. Ecriture aux tonalités diverses et nuancées selon les domaines concernés.
.. Des pages bouleversantes sur la tragédie de l’enfermement et les conséquences sur la famille (la prison, p. 12, la première visite de la mère à son fils, p. 27)
.. Des scènes très fortes qui évoquent la personnalité du condamné (face à face avec le directeur de la prison, p. 19/20).
.. De nombreuses situations au cours desquelles l’auteur jette un regard critique sur des institutions qui fonctionnent comme des machines à broyer alors qu’elles devraient protéger le citoyen.
.. On retrouve dans ce roman les qualités d’écriture de R. Laurette par la poésie dans l’évocation des lieux et des situations vécues par le condamné du temps où il était un homme libre. (Extrait du chapitre Parmi les veilleurs de pierres, p. 117 et la dernière page du roman, Le Jardin de Jeanne).
A la fois roman policier, procès d’une justice partisane, hymne à la la Corse (à sa beauté, à sa rudesse, à ses passions, à ses senteurs, à sa sensualité) le roman de Ghjuvanni Stépahgèse est une œuvre convaincante dans la démonstration de l’innocence du condamné et séduisante par le plaisir que procure sa lecture.




QUELQUES EXTRAITS DE PRESSE


Midi-Libre 3-05-09
Roland LAURETTE savait qu'il s'attaquait à un sujet brûlant... Plus l'auteur s'avance dans ses
recherches et plus il se dit persuadé de l'innocence de celui que tout le monde accuse... Le
romancier dépasse l'affaire Colonna, il pose le problème des droits de l'homme et des libertés
fondamentales.

Hélène AMIRAUX
Le Journal de Millau 11-06-09
Le roman de Roland Laurette représente une source extraordinaire pour souligner les
incohérences de l'enquête et certains dysfonctionnements policiers. Grâce à cette enquête, certes
romancée, mais très réaliste, l'auteur nous amène à nous poser de nombreuses questions sur la
culpabilité du berger corse...
La passion de l'auteur pour cette affaire transpire à travers les quelque 240 pages de ce roman
passionnant.
.. « LE ROMAN DE Ghjuvanni STEPHAGESE » démontre que l'assassin du préfet
Erignac n'est sans doute pas celui qui a été condamné...

Corsicapolar 16-08-09
Ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Colonna a désormais un roman...
Son roman est un plaidoyer pour un Yvan Colonna innocent, prisonnier d'une tragédie et non la
défense d'un berger coupable...
Roland Laurette se pose en romancier et non en militant. (Il) assume sans complexe un rôle ambigu
qui oscille entre la raison d'un Emile Zola et l'émotion d'un Truman Capote...
Ugo PANDOLFI

Corse-Matin 30-08-09
Roland Laurette a manifestement eu accès au dossier de l'affaire Colonna. Il en tire la conclusion qu'un homme innnocent est en train de payer pour une sorte de « vengeance d'Etat »... A lire...

L'Humanité Dimanche 22-28 oct 09
Roland Laurette a souhaité retranscrire sous la forme d'une fiction, les éléments qu'il a
rassemblés lors de ses investigations personnelles en Corse... Et l'écrivain s'est fait sa propre
opinion, celle de l'innocence du berger corse. Et il la conte avec un goût prononcé et revendiqué
pour la tragédie antique. Le lecteur trouvera (...) dans cet ouvrage agréable à lire, un récit
mettant en cohérence (...) les éléments d'une affaire d'Etat brouillée par les coups bas et les
manipulations.

Diego CHAUVET

Azur-informations 02- 2010
Il y a des convictions qui se forgent peu à peu, ce sont les plus solides. Il y a des causes qui crient si fort que le silence serait coupable. C'est ce qu'a vécu Roland LAURETTE au fond de lui qui l'a poussé à écrire ce roman comme une plaie à vif face à ce qu'il considère comme un déni de justice.
C'est un vrai roman, avec son monde aux noms imaginaires, imagés et significatifs. Avec ses passions, ses dévouements, ses tendresses, ses lâchetés. Avec ses personnages pris dans les filets d'un destin dirigé par des mains inconnues et puissantes. Avec ses paysages et ses ambiances, tantôt âpres et sombres, tantôt baignés des lumières qu'on croirait faites pour le bonheur.
Ghjuvanni Stéphagèse devient (...) un personnage de roman, complexe, attachant, irritant, patriote, maître de ses convictions, dur et sensible, solide et doux. (...) Il est d'abord en osmose avec sa terre dont Roland LAURETTE évoque les beautés en connaisseur et en amoureux. Il est entouré par un réseau d'amitiés silencieuses. Il vit une passion difficile mais forte. Il s'affronte à des forces hostiles acharnées à le perdre. Il éprouve la prison avec une dignité sans concessions. (...)
Rien à faire, le piège se referme sur le personnage. On perçoit que ce statut de héros tragique a fortement mobilisé l'auteur. Certes, démonter les mécanismes, dénoncer les contradictions, déceler les pièges, tout cela donne au roman une allure de thriller politique, mais plus que ces manigances grossières, c'est le destin d'un homme affronté au tragique qui intéresse et l'auteur et le lecteur. Et c'est l'indignation face à une justice indigne qui accroît la tension de ce récit authentique.
Et si le roman disait vrai ? De cela on est convaincu en fermant ce livre.
Michel SEYRAT

vendredi 4 juin 2010

Affaire Colonna : manigances et "preuves" fabriquées

Dans à peine plus de trois semaines, La Cour de Cassation se prononcera sur le pourvoi déposé par Yvan Colonna après sa condamnation par la Cour d'Appel « spécialement constituée » à la peine la plus lourde prévue par le code pénal : prison à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté.
Les raisons de casser cet arrêt sont multiples. Il ne faut toutefois pas s'imaginer que les choses sont acquises : les pressions sur la Cour sont forcément à la mesure des enjeux. Sa décision dira ce qu'il en est de son degré d'indépendance.
Le procès des cinq personnes accusées d'avoir aidé Yvan Colonna pendant sa cavale vient d'avoir lieu. Le verdict, mis en délibéré, sera connu en juillet.  Au cours du procès, des faits sont apparus qui montrent, s'il en était besoin, les machinations de la police antiterroriste. On en trouvera ci-dessous un exemple incroyable. Le plus incroyable étant peut-être le silence ou l'indifférence de la presse devant des faits aussi scandaleux. Quand on discute avec des gens convaincus de la culpabilité d'Yvan, ils ne cessent de demander : s'il est innocent, pourquoi est-il parti en cavale ? Ou bien : pourquoi ses copains l'ont-ils dénoncé ? Nous pouvons demander de notre côté : si  la culpabilité d'Yvan était si évidente, pourquoi la police a-t-elle éprouvé le besoin de fabriquer avec cynisme des fausses preuves ? L'appareil judiciaire antiterroriste ne peut pas ignorer ces machinations. Et pourtant, deux Cours d'Assises « spécialement constituées » l'ont condamné. C'est en ce sens que cette affaire est une affaire d'Etat. Comme l'affaire Dreyfus dont les juges savaient parfaitement qu'ils condamnaient un innocent.
Le Livre Blanc promis pour l'automne 2009 n'a jamais été publié sans doute par manque de temps. Puisque je connais particulièrement bien cette affaire, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de faire le point le plus clairement possible des faits et arguments qui montrent indubitablement l'innocence d'Yvan Colonna. 
J'aborde dans mon blog, sous forme de feuilleton, entre le 15 et le 26 mai les points suivants :

Préambule
I – Les accusations (15 mai)
II – Les témoignages (16 mai)
III – Les acteurs de l'affaire Colonna
        A – L'enquête (17 mai)
        B – L'instruction (18 mai)
        C – Les procès ( 19 mai)
IV – Les pistes « oubliées » (20 mai)
V – La personnalité d'Yvan colonna (24 mai)
VI – D'autres questions
Conclusion (26 mai)

Si on le souhaite, je puis envoyer ce texte (23 pages en A 4) par courriel.
Je rappelle aussi que Stéphane Darnaud a réalisé un CD de la conférence-débat que j'ai animée à La Ciotat en décembre dernier (stephdarnaud@free.fr  ou studiostephcreas@free.fr ).



Histoire d'une preuve fabriquée
Le procès des personnes accusées d'avoir aidé et hébergé Yvan Colonna pendant sa cavale vient de s'achever. 
Des cinq accusés, quatre ont admis avoir aidé le fugitif entre 1999 et 2003. Seul, Marc Simeoni (le fils d'Edmond et le frère de Gilles, l'un des avocats d'Yvan Colonna et leader du mouvement autonomiste) nie les faits qui lui sont imputés. 
Il est notamment accusé d'avoir hébergé le fugitif dans son appartement de Bastia en 2002 et 2003. Pour appuyer leur accusation, les policiers antiterroristes font état de deux traces appartenant à Yvan Colonna et retrouvées dans cet appartement. L'affaire paraît entendue et on ne comprend pas les dénégations de Marc Simeoni.

Mais qu'en est-il en réalité ? 

1 - Les deux empreintes en question ont été retrouvées, l'une sur une boîte de pansements, l'autre sur un coussin. 
2 - Les enquêteurs n'ont pas placé les scellés réglementaires sur l'appartement  entre le moment où Marc Simeoni a été interpellé et celui où ont commencé les perquisitions.
3 - Sur l'un des deux objets (le coussin), outre l'A.D.N. d'Yvan Colonna, a été retrouvé celui d'Alain Ferrandi ( le chef du commando Erignac). Rappelons que Marc Simeoni a loué son appartement en octobre 2000 et qu'Alain Ferrandi a été arrêté en mai 1999. Comment est-ce possible ? Notons, en revanche, l'absence tout aussi étonnante d'empreintes de Marc Simeoni, sur cet objet  retrouvé dans cet appartement qu'il habitait depuis trois ans quand la perquisition a eu lieu.
4 - L'enquête a été menée par le commandant Lebbos que nous avons déjà rencontré comme l'un des acteurs principaux de l'affaire Colonna (voir II - Les acteurs du drame) et dont on a pu voir que les scrupules n'étaient pas son point fort (dossiers truqués, coups et blessures, détournements de procédure à des fins privées, etc.).
Marc Simeoni a affirmé au procès que le commandant Lebbos lui aurait dit : " je suis spécialiste de la pêche au gros. J'ai pêché Colonna. Ton père, c'est un gros poisson pour moi ».
Cette "preuve" manifestement fabriquée en dit long sur la sincérité des deux procès au terme desquels Yvan Colonna a été condamné à la peine la plus lourde prévue par le code pénal.
Instructif, non ? Cette construction policière en dit long sur l'honnêteté et la loyauté de l'enquête. Elle éclaire rétrospectivement d'un jour crû toute l'affaire Colonna.