mercredi 26 mai 2010

L'INNOCENCE D'YVAN COLONNA : FAITS ET ARGUMENTS

suite et fin

VI – D'AUTRES QUESTIONS

Les gens hostiles à Yvan, formulent toujours les deux mêmes questions. C'est sur elles qu'ils assoient leur conviction qu'il est coupable.

1 – S'il n'est pas coupable, pourquoi s'est-il enfui ?
Réponse :
a/ Dans l'histoire, un certain nombre de gens qui risquaient d'être arrêtés ont préféré s'enfuir et se mettre à l'abri. Pour autant, leur fuite n'avouait rien du tout. Quand Louis XVI quitte Paris incognito, il ne s'enfuit pas pour avouer qu'il serait un mauvais roi. Autre exemple : pendant la dernière guerre, la plupart des résistants menacés d'être arrêtés, ont cherché à échapper à leurs poursuivants, etc...
b/ Ces exemples n'ont qu'une valeur relative : ils indiquent qu'une cavale ne prouve pas forcément que le fuyard est coupable, elle ne prouve pas davantage qu'il est innocent. Il y faut des éléments plus tangibles. On ne peut donc pas dire qu'Yvan Colonna, en prenant le maquis avoue sa culpabilité surtout dans un pays où prendre le maquis fait partie de toute une culture ancestrale. Sa fuite montre seulement qu'à ce moment-là, rester libre est, pour lui, prioritaire.
c/ Il y a plus important : Yvan part en cavale après avoir vu la « une » de France-Soir qui titrait : WANTED TUEUR DE PREFET.
Cet appel du célèbre quotidien nous renvoie explicitement à la loi de Lynch appliquée pendant la conquête de l'Ouest américain : elle encourageait la justice expéditive. Il s'agissait de ramener le « coupable » vivant ou mort. Et c'est bien de cela qu'il s'agit. Roger Marion avait demandé que Colonna soit ramené « mort ou vif ». Yvan Colonna découvre que ses anciens amis l'accusent d'avoir tué le préfet Erignac alors qu'ils savent pertinemment qu'il n'en est rien. Il est donc fondé à se dire que s'ils sont capables d'un acte aussi grave, ils sont sans doute capables d'aller, eux ou les véritables commanditaires, jusqu'au bout de leur démarche : le supprimer. Car Yvan éliminé, l'enquête se serait éteinte d'elle-même. Sa mort aurait arrangé tellement de monde, y compris les enquêteurs.
En s'enfuyant, Yvan sauvait donc sa peau. Il laissait aux membres du commando le temps de revenir sur leurs déclarations et aux policiers le temps de trouver des éléments qui l'auraient innocenté. Il laissait en outre à l'opinion publique le temps de s'apaiser et d'être en mesure d'entendre ce qu'il avait à dire.
d/ Ajoutons (c'est l'explication qu'Yvan donnera quand il sera interrogé) qu'un Corse arrêté sous un chef d'inculpation qui touche au terrorisme subit régulièrement une détention provisoire de 4 ou 5 ans avant d'être jugé. Informé de cette pratique contestable, Yvan n'a pas voulu s'y soumettre.
Je ne dis pas qu'il a eu tort ou raison. Je dis seulement que ça ne prouve rien.

2 -Pourquoi ses copains l'ont-ils accusé ?

Remarques préalables : cette question est symptomatique du parti pris hostile à Yvan qui a marqué toute cette affaire.
Les accusations des membres du commando sont-elles un élément défavorable à Yvan ou le contraire ? Ceux qui estiment que ces accusations sont crédibles, sont très souvent les mêmes qui disent que Yvan étant corse, on peut le soupçonner du pire puisque, pour eux, la culture corse comprend les traditions de l'omertà, des témoignages de complaisance, de l'irrespect de la loi, du recours à la violence extrême pour régler ses problèmes (cf entre autres la vendetta...). Or ces deux assertions sont contradictoires. On ne peut pas à la fois dire que les Corses pratiquent l'omertà et couvrent les criminels et dire que si les membres du commando Erignac ont accusé Yvan, c'est la vérité. Imagine-t-on que si Yvan avait participé à cet assassinat perpétré au nom d'une cause sacrée, la cause corse, à la première occasion ses complices l'auraient accusé alors qu'il n'avait pas été arrêté ?
On peut parfaitement estimer que cette accusation, loin d'être un élément à charge est un élément à décharge. Les assassins qui gardent un silence farouche sur toute une série de détails secondaires (par exemple le déroulement exact de l'assassinat) sont soudainement bavards quand il s'agit de donner l'élément essentiel : le nom du tueur. Est-ce vraisemblable ? Pourquoi donneraient-ils le nom d'Yvan présenté comme le tueur et tairaient-ils le nom des complices qui étaient sur place et dont ils ont fini par avouer l'existence ? Curieuse discordance. Comme est curieux le total manque d'intérêt des juges pour ces complices-là.
Autre remarque : ce n'est pas parce qu'on a été amis d'enfance qu'on reste sincèrement liés à l'âge adulte. Les aléas de la vie sont parfois l'occasion de régler de vieux comptes enfouis et jamais nommés. L'histoire des villages, comme l'histoire des familles est pleine de ces histoires tordues.

L'explication de Pierre ALESSANDRI : Au cours du procès en appel, les membres du commando Erignac ont été à nouveau appelés à la barre. La confrontation la plus intense a eu lieu entre Yvan et Alessandri le 9 mars 2009.
Qu'a dit Alessandri, poussé dans ses retranchements par Yvan et ses avocats ? La déclaration essentielle d'abord : Je dois vous dire qu'Yvan Colonna n'a jamais fait partie de notre groupe et n'a pas participé à l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella ni à l'assassinat du préfet.
Il a dit en outre, s'adressant à Yvan : je te reproche d'avoir refusé de franchir comme moi la ligne de la violence pour mettre nos actes au service de nos idéaux. On a donc été obligés de faire aller au charbon des jeunes inexpérimentés. (Au premier procès, il avait dit de façon plus confuse à propos d'Yvan : « Nous étions amis. Des choses ont altéré notre amitié ».)
Et encore : je te reproche d'être parti en cavale et d'être parti aussi longtemps. C'est ton entêtement dans ta cavale qui a conditionné ta culpabilité. Ta reddition dans les jours suivants aurait suffi à te disculper comme d'autres. Je pensais qu'elle avait un sens politique. Je me suis lourdement trompé.
Il ajoute enfin et surtout : Oui, il y avait d'autres complices dont les noms n'ont jamais été donnés. J'ai donné le nom d'Yvan Colonna pour protéger ces autres personnes qui ont participé et conçu l'attentat et aussi pour protéger mes proches.
Traduction des propos d'Alessandri : Yvan a été approché pour participer à une action importante et il a refusé. On lui en a donc voulu. L'accuser, c'était lui faire payer cette « trahison ».
Les complices restés anonymes (mais dont l'existence, corroborée par toute une série de témoignages, éclaire beaucoup de choses), sont les concepteurs de l'attentat. C'est eux les acteurs principaux. C'est eux qu'il fallait sauver quitte à donner le nom d'un « ami » d'enfance.
Mais il reste dans la déclaration d'Alessandri un élément qui, curieusement, n'a entraîné, à ma connaissance, aucun commentaire éclairé, aucune question : en donnant le nom d'Yvan Colonna, Alessandri veut protéger, dit-il, les complices anonymes. Cela, on peut en saisir les raisons même si on ne les approuve pas. Mais il ajoute à la fin : « et aussi pour protéger mes proches ». Ce dernier point est plus qu'étrange. En quoi donner le nom de Colonna pouvait-il donc protéger les proches d'Alessandri ? On ne peut le comprendre que si on admet que « quelqu'un » a ordonné à Alessandri (et aux autres) de donner un nom en pâture aux enquêteurs (celui de Colonna en l'occurrence) pour les lancer sur une fausse piste. Quelqu'un qui aurait dit : si vous ne le faites pas, c'est votre famille qui en supportera les conséquences.
Et qui donc peut être crédible en proférant une telle menace ? Qui donc, sinon une organisation que les scrupules n'étouffent pas, une organisation qui a fait du crime un moyen normal pour obtenir ce qu'elle veut, une organisation assez puissante pour faire peur à un nationaliste capable de recourir lui aussi à l'assassinat. Qui donc d'assez influent pour obtenir que les services de l'Etat regardent ailleurs ? Et si on veut bien entendre ce qui est suggéré ici, qu'on se repasse le film du témoignage des épouses aux deux procès (en première instance et en appel). Tous les commentateurs ont cherché à nous émouvoir sur le thème : ces pauvres femmes sont complètement déboussolées parce qu'on leur demande une mission impossible. Elles savent que Colonna est coupable, qu'il n'assume pas son crime contrairement à leurs époux, et on veut qu'elles le disculpent. C'est trop leur demander, elles craquent. Sortez vos kleenex ! On ne voit pas qu'une toute autre lecture de ce comportement des épouses est possible : elles savent depuis le début qu'Yvan est innocent. Elles ont contribué à le faire accuser puis à l'envoyer en prison à vie. La seule chose qu'elles devraient dire c'est « on » nous a obligées à mentir. Mais c'est la seule chose qu'elles ne peuvent pas dire parce qu'elles savent que c'est leur peau et celles de leurs enfants qui est en danger. Alors, elles bafouillent, elles pleurent, elles préfèrent oublier la réalité de cette infamie.
Oui, décidément, le témoignage de Pierre Alessandri est manifestement capital. Pour la première fois, on a des éléments qui éclairent parfaitement et de façon cohérente le déroulement réel de l'attentat contre le préfet Erignac. On s'étonne que le Président Wacogne n'en ait pas saisi la portée ! Quant aux fins limiers tombés dans le panneau, disons qu'ils n'ont pas le courage de reconnaître leur erreur. Madame Erignac a beaucoup parlé de courage à Yvan en suggérant qu'il n'en avait aucun puisqu'il ne se dénonçait pas. Peut-être se trompait-elle de cible.

Une dernière question : parmi les plus acharnés contre Yvan Colonna, il y a ceux qui disent finement à propos de Pierre Alessandri qui s'accuse d'être le tueur depuis septembre 2004, c'est facile de s'accuser quand on ne risque plus rien puisqu'il a pris la perpétuité. A ceux qui disent cela de bonne foi, il faut rappeler ceci :
1- nul ne s'accuse d'avoir commis un crime dont il n'est pas l'auteur pour rendre service à quelqu'un d'autre. C'est un poids moral excessif.
2 – il est faux de prétendre qu'Alessandri ne risque rien. Chacun sait qu'aucun condamné ne va jusqu'au bout de sa peine sauf si le comportement en prison est jugé trop dangereux pour une libération anticipée. La preuve c'est qu'il arrive que la condamnation à la perpétuité soit assortie d'une clause de sûreté. La plus lourde est de 22 ans. (Yvan a donc été condamné à la peine maximale alors qu'aucune preuve n'a été apportée contre lui et que les raisons de douter de sa culpabilité sont multiples). Quand on est condamné à la perpétuité simple, le condamné peut demander une remise de peine au bout de quinze ans. Il est assez fréquent qu'il l'obtienne. On comprend bien que si le juge d'application des peines pense qu'un accusé n'a pas écoppé de la sanction qu'il méritait, il ne libèrera pas le détenu au bout de la durée minimum. Si Alessandri était considéré comme le vrai tueur, il est clair qu'il ne pourrait espérer sortir avant 22 ans. 7 ans de prison de plus ou de moins, est-ce cela qu'on appelle ne courir aucun risque ?



CONCLUSION

Ces derniers temps, à l'occasion du procès des personnes accusées d'avoir aidé Yvan Colonna pendant sa cavale, la presse est revenue sur cette affaire.
Elle donne à propos de la cavale une accumulation de détails sans importance réelle (ainsi, Yvan Colonna aurait subi une échographie de la hanche dans une clinique bastiaise le 4 mars 2003. A 17h37 ! ce type de recherche évite de se poser les bonnes questions et de mener les investigations dans les seules directions qui vaillent : la police antiterroriste a-t-elle fait honnêtement son travail ? A-t-elle enquêté à charge et à décharge ? A-t-elle exploré toutes les pistes possibles ou au contraire, y a-t-il des pistes qu'elle aurait soigneusement évitées ?
Yvan Colonna est-il innocent ou coupable ? La question est légitime puisqu'après tant d'années d'enquête et d'instruction, après deux procès, la mobilisation de tout l'appareil antiterroriste n'ont pas réussi à apporter une seule preuve contre lui et qu'aussi bien le responsable de la DNAT, Roger Marion, que l'avocat général Jean-Claude Kross n'ont pu avancer contre l'accusé que leur « intime conviction ». Ce qui, on l'avouera, reste un peu léger.
L'enquête que j'ai menée de mon côté m'a permis de rassembler les faits et les arguments qui fondent ma certitude de l'innocence d'Yvan Colonna. Si j'ai choisi d'en faire un roman plutôt qu'un documentaire journalistique, c'est parce que le roman donne infiniment plus de souplesse. Il permet d'évoquer les couleurs de la vraie vie. Il permet de varier les genres, les tons, d'inventer des personnages qui porteront la parole de tel ou tel. Il crée une empathie avec le héros. Il est le seul à pouvoir mettre en lumière les sentiments et les émotions ; il rend compte de la tragédie qui s'abat sur le héros et sa famille.
Après sa parution (avril 2009 chez l'Harmattan), j'ai été conduit à participer à de nombreux débats publics *, à de nombreux salons du livre. Je continuerai et, dans la mesure du possible je répondrai favorablement aux propositions d'animation de réunions publiques. J'ai eu l'occasion de discuter un nombre incalculable de fois sur l'affaire Colonna. Je retire quelques enseignements de ces expériences.
Quels sont les obstacles les plus fréquents au triomphe de la vérité que j'ai rencontrés ?
-un incroyable racisme anticorse (les plus acharnés à vouloir Yvan Colonna coupable n'ont comme argument que leurs préjugés contre LES Corses réunis dans un amalgame qui relève effectivement du racisme, préjugés aggravés par la prévention confuse contre les mouvements nationalistes dont ils refusent de voir la réelle diversité)
-une mauvaise foi (elle découle souvent du point précédent) qui fait interpréter tous les éléments de l'affaire d'un oeil hostile à Yvan là où une tout autre lecture aurait été au moins aussi recevable.
-le désir sympathique mais irresponsable de refuser par principe la remise en cause du fonctionnement de l'institution judiciaire au nom des intérêts supérieurs de la République ( en d'autres temps, il ne fallait pas remettre en cause la culpabilité de Dreyfus au nom de l'honneur de l'armée). On peut couvrir ainsi n'importe quel scandale d'Etat.
-La difficulté bien humaine de reconnaître que l'on a pu se tromper ou être induit en erreur par la manipulation. Plus l'affaire est grave, et plus il est difficile de faire machine arrière. Les tueurs et leurs commanditaires sont responsables de la mort de Claude Erignac. De leur côté, tous ceux qui se sont tus ou qui ont hurlé avec les loups sont responsables en partie de la terrible condamnation qui frappe un innocent. Il a fallu beaucoup de temps – et de courage - à certains journaux pour reconnaître que, s'agissant de la première guerre en Irak, l'armée américaine les avait savamment manipulés. A propos de l'affaire Colonna, combien de journalistes préfèrent-ils regarder ailleurs et se taire ? Je ne m'explique pas autrement le silence de la plupart à propos de mon roman y compris quand ils avaient promis d'en parler.

POURTANT, dans le procès intenté à ceux qui sont accusés d'avoir aidé Yvan Colonna pendant sa cavale, le chef principal d'accusation devrait ouvrir bien des yeux : « Association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste... » Au premier abord, la formulation apparaît vague. Ce serait une grave erreur de la croire inoffensive.
Qu'on en juge. En 2005, le sénateur non inscrit, Jean-Louis Masson attire l'attention du Garde des Sceaux sur le fait que ce libellé imprécis « peut conduire à des décisions arbitraires ». Dans sa réponse, le Garde des Sceaux précise : « Le délit d'association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes est prévu par l'article 421-2-1 du code pénal qui dispose que constitue un acte de terrorisme le fait de participer à un groupement formé (...) en vue de la préparation (...) d'un acte de terrorisme ».
Donc, pour le Garde des Sceaux, « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes » sont deux expressions équivalentes. Jean-Paul Courtois, rapporteur de la Commission des Lois indique le 6 décembre 2005 que « Les infractions de droit commun constituent un acte de terrorisme quand elles sont commises en relation avec une entreprise à caractère terroriste ». Yvan Colonna est poursuivi par la police ; le recéler est un délit de droit commun ; et puisqu'il est accusé d'être un terroriste, le recueillir chez soi, est un acte terroriste. Voilà la réalité de la situation pénale des cinq personnes accusées d'avoir aidé Yvan Colonna. La FIDH (qui, par ailleurs, a fermement condamné le déroulement des deux procès contre lui), souligne au sujet de ce chef d'accusation le danger de dérives juridiques reposant « sur un maximum de spéculations, de déductions et d'insinuations ».
Or, qui peut croire un instant, pour ne citer qu'elle, que Patrizia Gattaceca soit une dangereuse terroriste appartenant à une association de malfaiteurs prêts à commettre des attentats ? L'outrance d'un tel libellé d'accusation en dit long sur le degré d'acharnement haineux, liberticide et obsessionnel des magistrats instructeurs. Rétrospectivement, elle en dit long sur la partialité de l'instruction menée contre Yvan Colonna. Elle dit aussi à chaque citoyen de ce pays à quelle dérive de nos institutions nous sommes arrivés, quelle menace pèse sur les libertés fondamentales. Elle dit encore que nul n'est à l'abri. Lutter pour qu'éclate la vérité dans l'affaire Colonna, c'est lutter pour sa liberté à soi, celle de ses proches, de ses enfants...
C'est pourquoi, il faut éviter tout ce qui peut affaiblir le camp de la liberté. Il faut expliquer, redresser les faits, encore et toujours.
« Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat »

Il n'est plus temps de penser à ce qui peut diviser les patriotes corses et les démocrates continentaux ; il n'est plus temps de négliger la communication et d'en affaiblir la portée ; il n'est plus temps de se satisfaire de la compassion silencieuse tissée autour d'Yvan Colonna.
Il est temps de se réveiller et de frapper à la porte de son voisin.



* L'un de ces débats (La Ciotat) a été enregistré. On peut se procurer cet enregistrement auprès de
Stéphane DARNAUD (stephdarnaud@free.fr ou studiostephcreas@free.fr)

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