vendredi 26 février 2010

Ma réponse aux attaques dont j'ai été l'objet

Roland LAURETTE
Comité de soutien 06 à Yvan Colonna
Auteur de
LE ROMAN DE Ghjuvanni STEPHAGESE
clés pour l'affaire Colonna
Editions l'Harmattan



Mon roman s'est trouvé, il y a quelques semaines la cible d'attaques d'autant plus surprenantes qu'elles venaient, non pas des adversaires d'Yvan Colonna mais de quelques personnes censées mener le même combat que moi. Les mots, le ton et les arguments utilisés étaient injurieux et injustes. Ce n'aurait pas été très grave si j'avais pu répondre à ces agressions parues dans Corse-Matin (13 janvier) et surtout sur le site du Comité de Soutien à Yvan Colonna (entre le 20 et le 25 janvier). Mais j'ai été censuré dans les deux cas. De même que tous les messages de soutien envoyés et dont je connais l'existence par les copies que j'en ai reçues. Ce ne sont pas des méthodes acceptables entre gens qui poursuivent un but commun.
Je n'avais par protesté contre le black-out dont mon roman était l'objet sur le site mais là, les bornes du supportable sont franchies même si, depuis, les diatribes ont été effacées. Je suis donc contraint d'utiliser d'autres canaux pour rétablir la réalité des faits. Ce texte sera long car toute explication de la vérité demande toujours plus de temps et de minutie que l'injure et le procès d'intention. Il sera aussi l'occasion d'une réflexion sur l'action des comités de soutien.

1- L'AGRESSION : Le 4 janvier, Corse-Matin et Nice-Matin publiaient une longue interview de moi réalisée trois mois plus tôt et concernant la sortie chez l'Harmattan de mon roman :
LE ROMAN DE Ghjuvanni STEPHAGESE
clés pour l'affaire Colonna
J'y réaffirmais ma certitude de l'innocence d'Yvan et les raisons qui m'avaient conduit à écrire un roman à propos de cette tragédie. J'y rappelais aussi l'opposition d'Yvan à un ouvrage sur lui, même si, dans un premier temps, il n'avait pas dit non. Ce dernier point lui est apparu ambigu et il a fait parvenir au journal une mise au point dans laquelle il dit qu'il a toujours été opposé à tout ouvrage sur lui. Il n'apporte donc rien de fondamentalement différent de ce que j'ai dit de moi-même. Le problème naît des commentaires qui accompagnent cette réponse et surtout de 2 ou 3 messages parus sur le site à partir des propos de Christina Bianca Troncia qui va bien au- delà de ce que dit Yvan et s'ingénie à verser de l'huile sur le feu. Elle accuse l'auteur du roman de vouloir « se dorer la pilule ». Elle avait été plus explicite trois mois plus tôt : elle m'accusait de
vouloir me « faire du fric et de la notoriété sur le dos d'Yvan ».
Quelques éclaircissements sont nécessaires au moins pour ceux qui se sont engagés parce qu'ils sont convaincus, à juste raison, qu'Yvan Colonna est victime d'un déni de justice. On notera que cette lettre n'est jamais critique à son égard car ce qu'il subit est terrible.

2- L'ESSENTIEL : Ce qui me paraît le plus important d'abord, c'est qu'aucun de mes détracteurs ne conteste la véracité des faits que je rapporte. Aucun de mes interlocuteurs dans les salons du livre, les conférences-débat que j'anime, aucun journaliste ne m'a jamais reproché la moindre erreur. Une journaliste de Corse-Matin a écrit au contraire que j'avais manifestement eu
accès au dossier. Au mois d'août dernier, l'avocat principal d'Yvan m'a même demandé d'être le rédacteur de ce livre blanc annoncé pour l'automne 2009 et qui n'est toujours pas paru. Il faisait valoir pour me convaincre que ma connaissance du dossier me permettrait d'aller très vite.
Mon roman dit la vérité, donc.

3- LE REFUS D'YVAN : On me reproche d'avoir passé outre la volonté d'Yvan. Je vais dire ici comment, en fait, les choses se sont passées.
A- Remarques préalables : a/- En exprimant son désaccord avec un ouvrage qui lui est pourtant si favorable, Yvan donne, s'il en était besoin, une nouvelle preuve de son innocence. Car, s'il avait la duplicité dont le taxe l'accusation, il aurait bien évidemment applaudi à tout ce qui plaiderait en sa faveur. Il a, au contraire, récusé tous les ouvrages parus sur lui. Il l'a fait sans avoir lu aucun des manuscrits concernés. Quelles sont les raisons de ces refus de principe ? On pourra dire sans
crainte de se tromper qu'il a horreur de parler de lui et qu'on parle de lui. Seulement voilà : des milliers de pages ont déjà été écrites sur cette affaire. C'est ainsi. On n'a aucun moyen de s'opposer à la parution de textes hostiles. Ils sont pourtant
l'immense majorité. Renoncer à écrire en sa faveur, ce serait donc laisser le champ libre à ses adversaires. Est-ce tenable et responsable, surtout maintenant que ceux qui ont couru le risque de l'aider dans sa cavale sont poursuivis à leur tour ?
b/- Ouvrir le dossier de l'affaire Erignac permet d'aboutir très rapidement à la certitude de l'innocence d'Yvan. La police et les juges d'instruction antiterroristes ainsi que les deux Cours « spécialement constituées » qui ont jugé Yvan ne pouvaient pas l'ignorer. C'est donc en connaissance du déni de justice que la Cour d'Assises et la Cour d'Appel spéciales l'ont condamné.
C'est en ce sens que ce qui est devenu l'affaire Colonna est une affaire d'Etat. A partir de là, elle ne concerne plus seulement la personne d'Yvan même si c'est sa vie à lui qui a été brisée (pas plus que l'affaire Dreyfus ne concernait le seul Alfred Dreyfus) ; elle ne concerne pas davantage seulement les Corses même si la question corse a joué son rôle dans les calculs du
pouvoir politique qui a tout fait pour verrouiller l'appareil judiciaire. L'affaire Colonna concerne directement chaque citoyen de ce pays puisque c'est le fonctionnement de nos institutions et les libertés fondamentales qui sont en jeu.
B- La genèse du roman : Je connais les Colonna depuis près de 40 ans. Je me suis donc intéressé particulièrement au drame qui les frappait et je me suis peu à peu convaincu de l'innocence d'Yvan. Quand tombe le verdict de la perpétuité à l'issue du procès en première instance (décembre 2007), je suis tellement scandalisé que je décide de ne pas rester les bras croisés et puisque je suis romancier, j'échafaude le dessein d'écrire un roman sur cette affaire. J'en parle aux parents qui me préviennent qu'Yvan a déjà refusé plusieurs projets d'ouvrages le concernant mais, puisque le mien est particulier, ils me renvoient vers les avocats. Ceux-ci (sauf Me Siméoni qui était en campagne électorale et qui ne m'a jamais rappelé) se rallient d'enthousiasme à ce projet. Ils pensent qu'en l'absence de fait nouveau avant le procès en appel, mon roman peut être une aubaine (après sa parution, ils qualifieront le roman d' « opportun »). Ils m'encouragent donc vivement à aller de l'avant. Je leur demande toutefois d'interroger Yvan. Je souhaite en effet sa collaboration qui serait une aide incomparable et je demande au minimum sa neutralité bienveillante. Celui des avocats qui en parle à Yvan me rapporte qu'il n'a pas donné son accord mais qu'il n'a pas dit non. L'avocat se fait fort d'aller plus loin et de le convaincre. Dans les six mois qui suivent, on me parle comme si cet accord était acquis. On me pousse à écrire et on m'ouvre ces portes sans lesquelles je n'aurais pas obtenu la somme extraordinaire d'informations qui font de moi l'un de ceux qui connaissent le mieux ce dossier. Beaucoup de témoins et d'acteurs de cette histoire acceptent de me parler à coeur ouvert en sachant très bien quel est mon projet et parce qu'ils ont le
sentiment d'aider Yvan. Leur bonne foi est totale.
De mon côté je me suis jeté, nuit et jour, à coeur perdu dans un travail obsessionnel. J'accomplis en six mois ce qui m'en aurait demandé quatre fois plus en temps normal. Pour cela, j'abandonne le roman auquel je travaille depuis deux ans ; je sacrifie le festival de musique que j'anime et l'association loi 1901 qui le met en oeuvre ; inutile de parler de la vie de famille.
J'ajoute que je ne me contente pas de collecter des informations : je les mets en perspective et en forme. C'est cela qui permet une présentation parlante et une démonstration pédagogique de l'innocence d'Yvan.
Quand le manuscrit est achevé, je le fais lire à la famille. Contrairement à ce qui a été écrit, la majorité de ses membres l'ont (beaucoup) aimé. Aucun ne m'a dit, « tu ne peux pas écrire cela » ; tout au plus m'a-t-on suggéré de gommer quelques détails susceptibles de blesser inutilement tel ou tel qui ne le méritait pas. Fin 2008, je présente le manuscrit à quelques éditeurs. Un grand éditeur parisien me téléphone chez moi pour me dire : « Je ne croyais pas à votre projet mais je dois reconnaître que vous vous en êtes tiré de façon magistrale. Cependant, nous n'irons pas... ». Mesure-t-on ce que signifie ce « nous n'irons pas » dans un contexte où le pouvoir s'était tellement engagé contre Yvan ? Les grands éditeurs n'iraient pas à la bagarre. Fallait-il capituler ? Un éditeur corse, pour sa part, dit le manuscrit « très bon, tout à fait publiable quant au fond et à la forme ». Finalement, il renoncera à le publier après avis de Me Simeoni (qui n'a pas l'élémentaire courtoisie de m'en parler). Me Simeoni « ne souhaitait pas voir se multiplier les ouvrages-plaidoyers » avant l'appel car « cela pourrait accroître la pression
médiatique avant un procès qui méritait un traitement judiciaire plus serein ». La suite montrera malheureusement à quel
point cette analyse était erronée et ce qu'il en a été de cette fameuse « sérénité » de la justice.
C'est finalement l'Harmattan qui accepte la publication parce que cette maison s'est fait une spécialité de la liberté d'expression et parce que la question du profit n'est pas sa préoccupation première.
Là-dessus, à la mi-décembre, Me Garbarini, mandaté par Christine Colonna, la porte-
parole de la famille, m'appelle pour me demander de renoncer à mon projet.

C- Fallait-il donc renoncer ?
C'était une grave question et j'ai beaucoup réfléchi avant de prendre ma décision. Le 15 décembre 2008, par courrier électronique, je m'étonne auprès de la porte-parole qu'on ait attendu que le roman soit terminé pour estimer qu'il fallait que je l'abandonne sans me donner le moindre mot d'explication et qu'on me le fasse savoir par avocat interposé ; je lui propose que nous en discutions ensemble pour arriver à un compromis qui ne lèse personne. Cet entretien, je n'ai jamais pu l'avoir. J'ai de sa part un courrier en date du 17 qui a au moins le mérite d'admettre le déroulement des faits tel que je l'expose ci-dessus et de reconnaître ma bonne foi. En l'absence de tout contact direct, je lui réponds par le même canal pour lui exposer
mon analyse et mes décisions.
Je fais savoir que j'irai jusqu'au bout. Pourquoi ?
Le roman n'est plus un projet mais une réalité. Il a un éditeur. Il m'a demandé une considérable dépense d'énergie. J'avais informé tout le monde en temps utile.
En somme, on m'a fortement poussé à écrire ce livre. Et une fois qu'il est terminé, on me somme d'y renoncer. Désinvolture à l'égard de l'écrivain ? La porte-parole parle aujourd'hui de malentendu. Admettons. Mais au bout du compte pourquoi aurais-je dû sacrifier mon travail et l'oeuvre produite ? Lèse-t-elle Yvan ? Gêne-t-elle sa défense ? Des milliers de personnes qui l'ont lu pensent le contraire. Je ne vois pas ce que sa parution enlève à Yvan ; je vois bien à l'inverse de quoi son sabordage aurait privé la lutte contre les atteintes aux libertés.
Des textes de toute sorte sont sortis sur Yvan (surtout contre Yvan). Cela n'a jamais soulevé la moindre protestation. Je serais fondé à me demander quel étrange masochisme laisse passer en silence ce qui discrédite et proteste devant ce qui soutient. Je défie quiconque de trouver dans mon oeuvre la moindre atteinte à l'honneur et à l'image d'Yvan. Quand j'avais posé la question à ses parents, je l'avais fait par amitié pour eux. Rien ne m'y obligeait : la plupart des éléments que je rapporte sont entrés dans le domaine public et le reste est imaginaire. En fait, la mise au point d'Yvan donne de la crédibilité à mon roman puisqu'il n'est donc pas un ouvrage de commande.

Voilà ce que j'ai écrit à Christine Colonna début janvier 2009. Mais je lui disais aussi que j'allais tenir compte de l'avis de Me Simeoni et de la position d'Yvan : d'une part, pour ne pas risquer d'altérer si peu que ce soit la sérénité de la justice, le roman paraîtrait après le procès ( Si j'étais aussi intéressé que le prétend C.Bianca Troncia, j'aurais maintenu la sortie du livre à la date prévue pour bénéficier au maximum de l'effet médiatique. Et, rétrospectivement, compte tenu du déroulement du procès, je considère qu'en cédant sur ce point, j'ai commis une erreur préjudiciable à Yvan), d'autre part, il ne serait plus celui d'Yvan Colonna. Tous les noms propres et les noms de lieux seraient changés ainsi qu'un certain nombre de détails. Cela permettrait au récit d'acquérir une exemplarité plus grande puisqu'il sortirait des limites dans lesquelles j'avais accepté de l'enfermer.
J'ajoutais mon souhait que ma lettre soit communiquée à Yvan. Je ne sais pas si cela a été fait.

4 – ON ME REPROCHE AUSSI (Joëlle Croce) D'AVOIR EVOQUE L'INTIMITE D'YVAN. C'est vrai et faux. Toutes les scènes d'intimité sont, par définition, des scènes imaginaires. Elles restent toutes extrêmement pudiques. Une lectrice corse m'a écrit au sujet du roman : « Tout y est avec la chair autour ». La vie privée, c'est cette « chair ». C'est ce qui permet au lecteur extérieur
de s'intéresser à l'affaire Colonna. C'est exactement ce qui crée l'empathie avec le personnage. J'ai de nombreux témoignages qui vont dans ce sens.
N.B. Le site d'Yvan Colonna présente des photos d'Yvan avec sa compagne et son fils qui relèvent de l'intimité familiale. La presse de son côté a évoqué à plusieurs reprises cette vie privée. La compagne d'Yvan, elle-même, a répondu à des interviewes sur ces questions (Par ex. V.S.D. du 22-28 juin 2005). Personne ne trouve à y redire.

5 - Ai-je voulu « ME FAIRE DU FRIC SUR LE DOS D'YVAN » ?
A ma demande, mon éditeur verse 30% du prix HT aux comités de soutien qui diffusent le roman, c'est-à-dire trois fois plus qu'il ne me verse en droits d'auteur (1,8 € par exemplaire). J'assume la charge financière de la promotion du livre et de tous mes déplacements pour assurer divers types de manifestations, notamment des conférences-débats organisées par des comités de soutien. Qu'on soit donc rassuré : la défense d'Yvan Colonna me coûte plus d'argent qu'elle ne m'en rapporte. En donnant ces détails, je n'attends pas qu'on me remercie : j'attends qu'au moins, on ne me crache pas à la figure comme si j'étais le dernier des faussaires !
S'est-on préoccupé de l'argent que gagne l'imprimeur qui tire les tracts ou l'artisan qui fabrique les tee-shirts ? Quel préjugé inconscient se cache-t-il donc derrière ce parti pris contre le livre et l'écrivain ? J'ajoute que si le directeur de l'Aurore a augmenté ses recettes le 13 janvier 1898 parce que ce jour-là, il publiait le fameux « J'accuse » de Zola, c'était tant mieux. Tant mieux pour Dreyfus !
C.B.T. a exprimé son opposition aux collectes d'argent. Si on la suivait, cela signifierait qu'au nom d'on ne sait quelle pureté, on laisserait aux parents d'Yvan l'immense fardeau des frais entraînés par cette interminable affaire. Je me fais pour ma part une autre idée de la solidarité.

6 – Ai-je voulu « ME FAIRE DE LA NOTORIETE SUR LE DOS D'YVAN » ?
C'est pour un autre de mes romans que j'ai obtenu le Prix La Plume de Fébus (à l'unanimité du jury) et le Grand Prix de la Ville de Toulouse. Pour Yvan, il aurait mieux valu que ces prix soient attribués au « Roman de Ghjuvanni Stéphagèse ». J'ai animé pendant 20 ans deux festivals de musique ; pendant la plus grande partie de ma vie professionnelle, j'ai enseigné dans des classes post-bac ; j'ai milité sur le plan politique et syndical et j'ai eu quelques responsabilités dans ces domaines : ces activités et les lecteurs conquis auparavant constituent la base de mes « réseaux ». Je les ai mis au service de la cause d'Yvan.
Je lui ai ainsi gagné tout un public loin d'être acquis d'avance. A quoi cela servirait-il de convaincre les convaincus ? Les tableaux de vente du livre prouvent que les réseaux de l'auteur et ceux des comités de soutien se sont mutuellement confortés et c'est tant mieux.
Je n'ai donc pas attendu l'affaire Colonna pour mener une vie tournée vers le public. Et s'il est vrai que ce roman-là a été lu par des milliers de lecteurs, s'il est vrai aussi qu'il a donné lieu à plusieurs interviewes ou articles dans divers périodiques ou sur diverses chaînes de radio et de télévision, la couverture médiatique n'a guère été plus importante que pour le roman précédent, « Raphaëlle ou l'Ordre des Choses ». Pourquoi ? Parce que écrire sur l'affaire Colonna fait de vous un pestiféré pour la plupart des éditeurs, la plupart des journalistes, la quasi totalité des partis politiques, et pour une grande partie du public... En revanche, quand j'ai été lu, beaucoup de mes lecteurs hostiles à Yvan a priori, ont avoué avoir été retournés par le roman.

QUELQUES REFLEXIONS ET PRINCIPES

Pourquoi j'ai choisi la forme du roman ?
Le roman joue sur d'autres registres que l'ouvrage documentaire. Il donne une incomparable liberté de ton et de récit ; il autorise à mêler les genres et les matériaux, la fiction et la réalité; il s'adresse à la raison comme à la sensibilité. Ainsi, par exemple, il permet de se battre à armes égales sur le point suivant. L'un des atouts majeurs de l'accusation, c'est Madame Erignac qui a tellement ému l'opinion et les journalistes. Cela m'a conduit à valoriser dans mon roman deux figures féminines emblématiques : celle de la mère et celle de la compagne. Elles sont là, telles que je les évoque, pour contrebalancer la figure tragique de la veuve et apporter une touche d'humanité. Il fallait montrer qu'un accusé, ce n'est pas une figure désincarnée. C'est au contraire quelqu'un qui a une vie, des passions, des proches... Il fallait montrer qu'une condamnation, n'engage pas le seul condamné ; derrière, il y a la souffrance d'une famille, de tout un groupe... L'un des éditeurs qui aurait volontiers édité le roman m'a écrit très justement: “ Le parti pris de votre ouvrage, s'écartant de l'habituel ouvrage journalistique additionnant faits et hypothèses, est de faire pénétrer le lecteur au coeur du système familial, de l'intimité de l'intéressé”. Je ne saurais mieux dire. Le mérite de la littérature, qui constitue une part des lectures d'Yvan, c'est, entre autres, de donner de l'épaisseur humaine au récit.

Pourquoi cette polémique sans fondement réel est-elle particulièrement mal venue ?
D'une part, la publication unilatérale des attaques a créé le trouble et la division. Elle a donc affaibli le camp de ceux qui militent pour que l'innocence d'Yvan soit reconnue. C'est dommageable à un moment où la mobilisation est difficile. On oublie ainsi que ce qui nous rapproche tous est infiniment plus important que ce qui pourrait nous séparer. D'autre part, on évite ainsi d'aborder de façon dépassionnée et constructive le problème capital de la communication dans l'affaire Colonna. Cette communication a-t-elle été jusqu'ici suffisante et efficace ? S'est-elle donné les moyens de convaincre le plus grand nombre et de faire reculer les promoteurs et les complices du déni de justice ? La réponse est évidente. La meilleure preuve ? La porte-parole de la famille et son entourage viennent de créer une association loi 1901 dont l'objet affirmé est « la sensibilisation de l'opinion publique en France et à l'étranger ». Je ne dis pas autre chose !
Yvan n'est pas un communicant. Personne ne songe à le lui reprocher. Mais le silence qu'il observe et dont ses adversaires profitent, doit-il être la règle absolue de ceux qui veulent faire triompher la vérité ? Là aussi, la réponse est évidente : l'existence même des comités de soutien dont la vocation est d'intervenir auprès de l'opinion publique ( pétitions, tracts, ventes de tee- shirts, manifestations diverses... ) prouve que notre volonté est, précisément, de nous exprimer. Non pas à la place d'Yvan mais de notre place de citoyens indignés par ce que révèle l'affaire Colonna.
Au fil des mois, tout récemment encore et pas seulement en Corse, différentes affaires montrent, à quel point on laisse la voie libre aux dérives policières. Le camp liberticide dispose de tous les moyens. Roger Marion annonce publiquement la sortie d'un film sur l'affaire Erignac. Avec un tel propagandiste, on en imagine la thèse : elle sera défavorable à Yvan. Et nous, nous devrions nous contenter de distribuer des tracts et de vendre des tee-shirts ? Cela, parce qu'Yvan n'aurait pas donné
son accord pour d'autres formes de communication ? Il est certes, concerné au premier chef. Mais le scandale d'Etat va bien au-delà de sa personne et de la Corse. Penser le contraire, avoir la naïveté de croire que, sans rapport de forces favorable, l'appareil judiciaire antiterroriste pourrait se convertir spontanément au respect de la Justice et de la Vérité, c'est minimiser la
portée de l'événement et se priver des alliés qui devraient être les nôtres. Et donc risquer de se condamner à l'échec.

Comment lutter pour Yvan ?
D'un côté on entoure Yvan surtout sur le plan affectif. Cette forme d'intervention s'exprime majoritairement sur le site. Elle est honorable et utile. Mais elle peut entraîner la tentation de rester entre gens qui éprouvent les mêmes sentiments et les mêmes convictions, entre Corses aussi, parfois. De l'autre côté, on se bat d'abord au nom des principes républicains parce que le déni de justice est une menace pour tous. Dès lors, Yvan est devenu, malgré lui, l'emblème et le symbole
d'une cause qui va bien au-delà de sa personne. Sa victoire serait celle de tous. Comme le serait sa défaite. Cette action vise à convaincre le plus de monde possible : notamment ceux qui sont hostiles à Yvan (la plupart du temps sur la base de préjugés anticorses et antinationalistes).
Ces deux formes d'action peuvent être pratiquées par les mêmes personnes. Il appartient à chacun – dans les limites légales - de trouver les formes du combat qui lui conviennent le mieux.

Pour ma part :
Pour ma part, j'ai écrit ce roman parce que je ne pouvais pas faire autrement. J'obéis à la règle d'Antigone : il faut toujours faire ce qu'on peut faire. A partir du moment où j'avais réuni la somme d'informations dont j'ai parlé, à partir du moment où certains s'étaient confiés à moi à leurs risques et périls, à partir du moment où s'établissait clairement dans mon esprit la démonstration qu'Yvan était innocent, je ne vois pas comment j'aurais pu garder tout cela pour moi. C'est pour le coup qu'on aurait pu m'accuser d'être un renégat.
Une vraie question se pose : le livre écrit est-il efficace ou non ? La conclusion d'un article de Michel Seyrat qui vient de paraître en février dans un mensuel catholique apporte un élément de réponse : « Et si le roman disait vrai ? De cela, on est convaincu en fermant le livre ! ». On s'étonnera donc que tout l'effort de certains vise à en paralyser la diffusion et la lecture. Sauf si leurs vraies motivations sont ailleurs que dans l'intérêt de la vérité et la libération d'Yvan.
Je vais animer chaque fois qu'on me le demande des réunions-débats, sans compter les centaines de discussions que j'ai dans les salons du livre auxquels je participe. On reconnaît en général ma connaissance du dossier ainsi que le caractère efficace et pédagogique de l'argumentaire. Si on veut s'en assurer, on peut prendre contact avec Stéphane DARNAUD de La Ciotat. Il a réalisé une vidéo à partir de la réunion publique que j'ai animée le 5 décembre dans cette ville. Il la diffuse pour un prix modique et les bénéfices sont entièrement destinés au Comité de Soutien (stephanedarnaud@free.fr).

En conclusion : loin d'avoir « utilisé » Yvan Colonna à mon profit personnel, j'ai mis au service de la cause qu'il incarne une part de mon temps, de mon énergie, de ma tranquillité, de mon argent, un certain savoir-faire, et, certains me le disent, ma sécurité... De quoi faudrait-il donc que je me sente coupable ?
Yvan ne m'a, certes, rien demandé. Je fais ce que je fais parce que cela me paraît juste. Et ce que je crois juste, c'est mon affaire à moi. Je ne laisserai personne intervenir dans ce champ de ma liberté. Je continuerai donc à oeuvrer dans le même sens quoi qu'il advienne.

Roland LAURETTE

Je publierai ici les réponses à ce texte.

7 commentaires:

  1. (Réponse en plusieurs commentaires )Cher Monsieur ! Dans votre diatribe, dont vous m'avez fait parvenir le support, vous
    m'accusez d'agression à votre égard, lors de commentaires déposés sur
    Corse matin (http://www.corsematin.com/ra/corse/234418/ajaccio-yvan-
    colonna-je-n-ai-jamais-donne-mon-accord-pour-un-livre) et sur le site
    du comité de soutien d'Yvan Colonna, entre le 20 et 25 janvier, hors
    chacun a pu et pourra constater que je n'ai dénommé personne en
    particulier !

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  2. (Réponse en plusieurs commentaires, suite...)
    Je n'ai fait qu'exprimer un ressenti, suite à des insultes proférées à
    mon égard et à l'égard de Philippe Madelin, sous un de ses articles sur
    WordPress, qui ont enclenchées un débat plus que houleux si bien que
    Philippe s'est vu obligé de modérer les commentaires, et suite à des
    mails reçus (et conservés par nous, bien décidés à nous en servir pour
    défense pour le cas où une procédure judiciaire serait entamée comme
    l'on nous en a menacé) dont Christine et Stéphane Colonna ont reçu
    systématiquement copie, et ce, comme vous pouvez le constater sur le
    commentaire (lien joint ci-dessus) sans mentionner aucun nom mais sur
    un ton qui laissait entendre que je parlais sur un plan général !

    RépondreSupprimer
  3. (réponse en plusieurs commentaires, suite...)
    Vous omettez de mentionner que, sur mon site, sous l'article
    (http://sardaignemonilemerveilleuse.midiblogs.com/archive/2009/06/25/yva
    n-colonna-des-elements-nouveaux-viennent-appuyer-notre-ce.html), vous
    avez déposé en commentaire, le titre de votre livre ainsi que le nom de
    l'éditeur et que je n'ai pas modéré celui-ci, persuadée que vous aviez
    l'accord d'Yvan Colonna !
    Suite à votre "dépôt" sur mon blog, que j'ai jugé quelque peu
    publicitaire, mais que, eu égard à vos bonnes intentions que j'avais
    détectées, j'ai quelque peu passé outre, j'ai reçu d'autres
    commentaires provenant d'un autre auteur (je vous invite à en lire le
    contenu et mes réponses :
    http://sardaignemonilemerveilleuse.midiblogs.com/archive/2009/08/27/les-
    incendies-en-mediterrannee-au-jour-d-aujourd-hui-d-autre.html)celui-là
    même qui s'est permis de harceler Philippe Madelin, via commentaires
    puis via mails, qui m'ont quelque peu agacée !!!

    RépondreSupprimer
  4. (réponse en plusieurs commentaires, suite...)J'ai nettement répondu et sans insultes que je me refusais à accepter
    de faire de la publicité pour des auteurs et des éditeurs qui se
    permettaient d'écrire des biographies concernant des personnes non
    encore décédées, surtout dès lors que celles-ci n'avaient en aucune
    manière donné leur plein accord (il existe dans ce cas des formulaires
    contractuelles qui doivent être signées de par et d'autres, pour valeur
    juridique) ! Je stipulais donc à qui me sollicitait que, dès lors que
    je n'avais aucune information à ce sujet, je me refusais d'adhérer à
    toutes ces publications et, ce, provenant de tous les auteurs quels
    qu'ils soient sans aucune exception.

    RépondreSupprimer
  5. (réponse en plusieurs commentaires, suite...)Je suis mal placée pour conseiller qui que ce soit en la matière et je
    pense que vous n'avez pas, entre tous, à supputer que je suis
    l'instigatrice de toutes ces polémiques, voire la "perturbatrice",
    comme l'a stipulé l'un des membres du comité ! Ceci est d'une part,
    totalement mensonger et diffamatoire et, d'autre part, un manquement
    total de respect vis à vis d'Yvan Colonna et de sa famille, mettant en
    doute leur capacité de raisonnement et d'objectivité !

    Dès lors que je participe à un débat via commentaires déposés sous un
    article, je suis en droit, je pense, encore de m'exprimer, et je
    persévèrerai, ce, afin de préserver la liberté d'expression et pour
    combattre ceux qui auraient tendance à vouloir me faire taire et donc,
    à vouloir la faire disparaître ; libres aux auteurs des articles sous
    lesquels je dépose mes ressentis de me censurer s'ils jugent que ce que
    je dis est insultant ou diffamant !!! Je n'ai jamais insulté qui que ce
    soit, surtout indirectement, et je n'ai jamais proféré d'accusations
    nominativement ! Celui qui décrête le contraire devra en apporter la
    preuve !

    RépondreSupprimer
  6. (réponse en plusieurs commentaires, suite...)
    Dans votre diatribe, vous me faites dire, je vous cite :"C.B.T. a
    exprimé son opposition aux collectes d'argent" (?!!!) Où avez-vous lu
    ceci et/ou avez-vous entendu cela de ma part ?!!!
    Où avez-vous lu que je prétendais que vous étiez intéressé ? Vous aies-
    je nommé en personne quelque part ? Je n'ai fait qu'exprimer mes avis
    dans une forme de généralité !!!
    Je vous cite encore :" à partir des propos que Christina Bianca Troncia
    qui va bien au delà de ce que dit Yvan et s'ingénie à verser de l'huile
    sur le feu"
    Vous me prêtez une forte puissance, cher Ami ! Mes propos seraient-ils
    ceux provenant d'un gourou, auxquels, tant ils tomberaient à...propos,
    tout être humain ne pourrait qu'adhérer, subjugué par mon
    influence ?!!! C'est encore, à mes yeux, non seulement de la
    diffamation à mon égard mais aussi un manque total de respect à l'égard
    des personnes qui adhèrent, il peut être vrai, à ce que je dis, mais
    qui sont avant tout des adultes parfaitement capables de raison et
    d'objectivité, et donc parfaitement capables de penser par eux-
    mêmes !!!

    RépondreSupprimer
  7. (réponse en plusieurs commentaires, suite...)
    Je décide donc de vous écrire pour l'instant au travers de ce mail, en
    privé, espérant m'être faite bien comprendre, en vous informant que,
    toutefois, ce mail est en copie dans mes archives et, que, si je
    constatais que vous persévériiez à émettre des insinuations sur mon
    compte, de même que vous m'informez que votre diatribe sera diffusée
    sur le Net, ma réponse ici présente le sera tout autant !

    Je vous informe également que j'hésite encore à porter copie de votre
    message ci-dessous, de votre diatribe et de ma réponse à Yvan,
    Christine et Stéphane Colonna ! Il n'est pas dit que je ne le fasse pas
    dès lors que je vous aurai expédié ce mail ; je reste encore sous ma
    réserve pour ce faire, ne désirant pas encore en ajouter à la déjà
    forte inquiétude de cette famille !

    Salutations.

    Et...vive la liberté d'expression, que jamais elle ne meure !!!



    Pace e salute ! Auguri !
    http://christinabiancatroncia-sites.fr

    Je soutiens Yvan Colonna sur : http://www.yvan-colonna.com
    http://sardaignemonilemerveilleuse.midiblogs.com

    Nota Bene : Ce commentaire a été au préalable transmis à la famille Colonna et au Comité de Soutien d'Yvan Colonna.

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